2022
FANTASME :
Je pars en vacances à l’étranger avec ma copine et j’ai toujours fantasmé de faire l’amour sur la plage. Mais, je ne sais pas comment aborder le sujet.
Quel dommage que vous finissiez en prison pour avoir exposé vos corps nus auprès de personnes ramassant des coquillages. Un impératif : vous renseigner sur la législation du pays. Si vous avez déjà repéré un endroit isolé et sûr, équipez-vous d’un linge afin d’éviter de racler dos ou sexe contre du sable ou des galets. Pas d’acte pénétratif dans l’eau, au risque de quelques irritations…Vous me voyez venir ? Cette escapade prend peu à peu des allures d’expédition. En effet, le fantasme est un scénario imaginaire. Dans notre tête, il est bien plus glamour que la réalité. Alors parlez-en à votre copine, évidement, mais assurez-vous de bien l’organiser avant que ça ne devienne un véritable cauchemar. Bonnes vacances à vous deux.
Et un petit supplément : Cul… ture G : Deux orthographes pour fantasme, la seconde, phantasme qui renvoie au vocabulaire psychanalytique.
VIBROMASSEUR :
CLAIRE, 28 ans : Mes amies m’ont offert un vibro-masseur. J’ai trouvé ça drôle mais je ne sais pas si je dois en parler à mon copain et si j’ai envie de l’utiliser.
Depuis quelques années s’équiper d’un sextoy, semble un passage obligé. Or, je ne pense pas que cet objet intime soit si banal. Les raisons d’en posséder et de l’apprécier sont multiples. Mais la véritable question ne serait-elle pas : quels messages derrière ce cadeau ?
Me voient-elles comme une personne coincée ou le contraire ? Mon plaisir doit-il forcément passer par cet équipement ? Pensent-elles que mon copain ne me satisfait pas ? S’il l’apprend pensera-t-il que je suis frustrée ou (pire ?) voudra-t-il que je l’utilise ? Ce présent, à priori anodin vous questionne, tant mieux mais prenez du recul. Faites-en ce que vous voulez, les choix de vos pratiques sexuelles vous appartiennent.
Et pour une réponse encore plus pragmatique, j’ajouterai qu’un sextoy (à utiliser avec du lubrifiant) est un objet personnel (qui ne se prête pas), qui se nettoie et se range (n’oubliez pas que c’est un jouet pour adulte). Il peut s’utiliser en solitaire, en couple ou à plusieurs, sur les organes génitaux comme l’ensemble du corps. Les objets pénétrants doivent comporter un frein ou un fil afin d’éviter qu’ils ne soient totalement absorbés dans le rectum ou le vagin. Précaution oblige afin que sexualité rime avec sécurité.
Et un petit supplément : Cul… ture G : Un phallus artificiel appelé aussi le godemiché ou godemichet vient du latin gaude mihi qui signifie « Réjouis moi ».
ABSENCE DE DESIR :
Kayla, 32 ans et Ahmed 38 ans, mariés depuis 12 ans, 2 enfants. Mon mari n’a plus de désir et moi j’ai l’impression d’avoir toujours envie. Nous sommes partis 10 jours en vacances sans nos enfants et il ne s’est rien passé.
Les partenaires qui ne sont plus sur la même fréquence sont au top 5 des demandes sexologiques. Surtout l’été. Dégagé du travail et des tâches quotidiennes, le couple imagine que les vacances seront propices à la bagatelle et tout rentrera dans l’ordre. La perte de libido, contrairement à l’imaginaire collectif (et binaire) ne concerne pas que les femmes. Aucun genre n’en serait épargné et aucune impasse sur une consultation médicale avant d’envisager d’autres pistes. Après ces considérations de genre et les précautions d’usage, creusons votre question. De quoi s’agit-il ? Pensez-vous à une sexualité pénétrative (et reproductive) ou des pratiques sexuelles en particulier ? D’intimité sexuelle où le couple s’offrirait mutuellement des touchers tendres ou sensuels sans promesse d’autre chose ? De séduction sexuelle où chacun offrirait des regards ou des attentions qui rendrait l’autre désirable au point de l’émouvoir ? Exprimer une envie ou un désir se doit d’être précis afin d’envisager des temps partagés et créatifs selon ses désirs sans craindre de s’oublier au profit des attentes de l’autre. Le désir nait de l’excitation, d’un contexte, de jeux et certainement pas d’enjeux.
Et un petit supplément : Cul… ture G: Bagatelle est un mot qui signifie une chose de peu d’importance ou l’amour physique.
DIFFICULTES ERECTILES
Joaquim. J’ai beaucoup de difficultés à avoir des érections alors que je n’ai que 23 ans. J’ai honte car depuis quelques mois je prends un traitement naturel acheté sur internet et ma partenaire n’est pas au courant. Aidez-moi.
J’ai la certitude que ce que je vais vous répondre ne va pas vous plaire. Bonne nouvelle. Vous n’êtes pas un simple robot sur lequel il suffirait d’appuyer sur un bouton et le pénis se mettrait à durcir. Votre sexe n’est pas non plus l’organe par excellence pour apporter du plaisir à votre partenaire ni l’objet suprême de votre masculinité. Vous êtes jeune, alors sortez de cette injonction d’avoir un pénis performant à tout prix (peut-être même au prix de votre santé). Libérez-vous de l’attitude de spectateur où vous vous regardez faire l’amour tout en implorant mentalement à votre pénis que tout marche. Eteignez votre mental qui vous coupe de vos sensations. Reconnectez-vous à votre corps qui répondra mieux à l’excitation et toute la mécanique s’en suivra. Faîtes de vos rapports sexuels des moments de plaisir où la satisfaction n’aura rien à voir avec la rigidité de votre phallus. Et surtout ne croyez plus que votre partenaire vous jugera sur la qualité de votre érection. Et si elle pense ainsi, subtilement, faîtes-lui lire cette modeste rubrique. Car autre bonne nouvelle, elle apprendra que l’état de votre érection n’indique pas votre degré d’amour ni de désir pour elle.
Un petit supplément Cul… ture G : Le périnée, ce muscle essentiel à notre vie peut contribuer à maintenir des érections fermes.
BOUTONS SUR LE GLAND
J’ai des boutons rouges au niveau du gland, ce n’est pas douloureux mais c’est arrivé soudainement. Dois-je consulter un ou une sexologue ?
Votre question est intéressante car elle montre à quel point nous ne sommes pas spontanément enclins à évoquer ou montrer nos organes génitaux aux médecins généralistes, et encore moins à des spécialistes (dermatologue, urologue). Sauf peut-être les personnes dotées d’un vagin ou un utérus. Dans ce cas lors d’anomalies ou de changements (internes ou externes) les recommandations à consulter un ou une gynécologue ne se feront pas attendre. L’équipement « pénis », organe externe, érectile et cantonné lui aussi dans des critères de taille, de forme ou de couleur, ne montre pas le bout de son nez aussi facilement (je n’ose pas dire autre chose car nous ne sommes qu’à la 5ème rubrique Sexo). Et pourtant. Consultez. Ecartez toujours des raisons médicales avant d’entamer quoi que soit d’autres. Est-ce une infection sexuellement transmissible ? Une allergie ? Trop d’hygiène intime ou le contraire ? Des boutons de chaleur ou des frottements ? Des piqures d’araignées ? Je suis d’humeur taquine car vraiment désacralisons les demandes médicales. Les sentiments de honte, de peur, de culpabilité, de pudeur ou l’éducation, les injonctions sociales bloquent notre devoir de respecter notre corps. Si ce spécialiste vous juge, prends votre demande à la légère, je ne pourrais que vous recommander d’insister, ou approchez d’autres praticiens.
Un petit supplément Cul… ture G court et efficace : l’acné n’épargne les zones génitales.
DOULEURS PENDANT LES RAPPORTS
Cyrielle, 54 ans, je n’ai jamais été portée sur le sexe, mais là j’ai vraiment mal pendant les rapports et la seule réponse que j’ai reçue est l’arrivée de la ménopause. Mon mari ne se contente pas de cette réponse.
Personne ne devrait avoir mal lors d’un rapport sexuel. Si c’est le cas, vous pourriez souffrir de dyspareunie. Il faudrait, en quelque sorte, déprogrammer votre cerveau (le premier organe sexuel rappelons-le) afin que la sexualité ne soit plus associée à de la douleur elle-même liée à une pénétration. La première chose dont vous avez besoin c’est de vous valider comme experte de votre propre corps. De quelle intimité sexuelle avez-vous envie ? Le saviez-vous avant votre ménopause ? Si c’est le cas, guider votre mari sur les parties du corps que vous savez plaisante et proposer lui d’en faire autant. Mettez de côté votre vagin douloureux et consulter des spécialistes qui pourront vous aider à mieux le comprendre et le soigner. Par provocation, j’aime qualifier la pénétration comme la sexualité des fainéants. Une sexualité sans pénétration demande bien plus de créativité. Se détacher des zones érogènes primaires pour redécouvrir des zones oubliées c’est gagner en qualité sexuelle. Bien entendu, ces recommandations fonctionnent qu’à la condition que votre mari ne s’imagine pas que votre sexualité repose uniquement sur un rapport pénétratif. Alors il faudrait une bonne discussion, et parler de vos peurs, vos attentes, vos projections. En bref communiquer !
Un petit supplément Cul… ture G : En moyenne, un vagin mesure 8 cm au repos et peut doubler de taille lors de l’excitation.
VIGUEUR SEXUELLE
Patrick, 96 ans, je n’ai plus la même vigueur qu’avant et je ne sais pas ce que la médecine peut faire pour moi. Mon médecin reste flou. Pouvez-vous me prescrire de la testostérone ?
Il existe deux catégories de sexologues, les médecins qui prescrivent des médicaments et les non médecins qui ne peuvent pas. Aussi je ne suis pas autorisée à répondre à une question médicale. Cependant, en tant que sexologue non médecin je me permets quand même quelques remarques. Votre médecin vous donne des réponses vagues peut-être parce que votre question l’est tout autant. De quelle vigueur parlez-vous ? Votre érection qui serait moins forte qu’autrefois, totalement absente ou une fois sur deux ? Pensez-vous plutôt à une diminution de la libido? Consultez un andrologue ou un médecin sexologue même si je ne pense pas que vous obtiendrez une prescription d’hormones (car ce n’est pas sans risque) et vous aurez des réponses claires. Encore faudrait-il que vous les écoutiez. Car, c’est vrai que nous ne nous connaissons pas, mais quelque chose me dit que la seule réponse qui vous conviendrait serait d’avoir dans votre poche ce que vous pensez être une potion magique. Et si votre vigueur se nicher ailleurs. Je ne crois pas que des mains qui caressent, qu’une langue qui parcourt le corps de l’autre, des peaux qui se frottent et des yeux qui se regardent nécessitent un dosage hormonal particulier. Si ma réponse vous convient, alors consultez un sexologue qui vous donnera un aperçu clair d’une sexualité vigoureuse puisque vous en avez envie.
Un petit supplément Cul… ture G : Deux mots pour dire la même chose : DALA (déficit androgénique lié à l’âge) ou Andropause.
ORIENTATION SEXUELLE
Richard, 27 ans, en couple avec un homme que j’aime mais je ne me vois pas vivre avec lui, quand je me projette dans l’avenir c’est avec une femme. Suis-je un hétéro refoulé ?
S’il y a bien un domaine où nous avons encore tout à découvrir, c’est celui de la fluidité des identités et des orientations sexuelles. Alors la réponse que je vais vous faire ne vaut que pour aujourd’hui tant nous sommes dans une époque où le dévoilement de comment les gens se ressentent et les vies qui vont avec modifie nos schémas. Connaissez-vous le Genderbread person ? Ce petit bonhomme pain d’épice qui est un dessin explicatif des différents concepts de l’identité de genre, l’expression de genre, le sexe biologique et l’orientation sexuelle et affective et à chacun de ces continuums s’ajoute différentes variantes : sociologiques et affectives par exemple. Richard, vous m’écrivez être un homme qui fréquente un homme qu’il aime et qu’il désire tout en se voyant vivre avec une femme. Votre description est claire mais incomplète. Faut-il que vous soyez amoureux de cette femme voire la désirer sexuellement ou pas ? Vous projetez-vous dans un choix à faire ou une relation non exclusive ? Je vous entends déjà : toujours à poser d’autres questions à la question ! Exact. Car votre situation est unique et seules ses particularités permettront de savoir si tout est ok pour vous ou si vous pensez ne correspondre à aucune case vous renvoyant ainsi à un sentiment d’anormalité. Et ça c’est le plus dommageable.
Un petit supplément Cul… ture G : Vous pouvez aussi trouver le bonhomme pain d’épice sous la forme d’une licorne.
CONTRACEPTIF ET DESIR
Marielle, 40 ans, après avoir pris la pilule pendant des années, j’ai changé de contraceptif pour un stérilet. Depuis j’ai retrouvé ma libido perdue depuis longtemps. Confirmez-vous que ce n’est pas un hasard ?
Il se dit tant de choses sur la contraception et en même temps si peu. Je vais vous faire une réponse de normande (j’ignore si cette expression existe avec un canton). Peut-être que oui. Peut-être que non. Ma réponse évasive vient du fait que des années de pratique m’ont appris à quel point un moyen de contraception peut convenir à une personne et pas à une autre. La bonne nouvelle, c’est qu’il en existe de nombreux (féminin et masculin). Si le célèbre slogan « Mon corps ! Mes choix » résonne en moi pendant que je vous écris, il n’en demeure pas moins qu’en matière de sexualité et de contraception beaucoup de choses restent à dire et à faire. Que d’idées reçues, de désinformations et de pressions autour des moyens contraceptifs, et aussi la grossesse, l’avortement et j’en passe. Pour exemple, l’idée reçue que seules les femmes ayant accouchées peuvent se voir prescrire un stérilet. C’est faux. Moi je confirme que ce que vous ressentez est vrai. J’ignore s’il y a un lien. D’ailleurs ce n’est pas tout à fait vrai. Je pense qu’il peut y avoir un mais pas uniquement par le changement de contraception. Au risque de me répéter, chaque personne devrait prendre le temps de se renseigner auprès de son médecin ou gynécologue et s’accorder le droit de faire valoir que tel ou tel contraceptif ne convient pas.
Un petit supplément Cul… ture G : Stérilet est le nom couramment utilisé pour le DIU (Dispositif Intra-Utérin) ça ne veut absolument pas dire qu’il rend stérile.
CONSULTATION DE COUPLE
Frédérique, 47 ans, je souhaite consulter mais ma compagne refuse. Comment la convaincre ?
Très souvent, les premières personnes qui consultent estiment qu’elles sont le principal problème, plus rare et souvent en secret, d’autres viennent pour exposer le problème de l’autre, par besoin de parler et parfois pour vérifier leur propre analyse de la situation. Or la sexualité de couple concerne le couple et l’idéal serait de consulter ensemble mais pas forcément dès la première consultation. Venir seul.e au début pour tâter le terrain est une bonne stratégie. Pour moi, être sexologue, c’est un peu comme être jardinier, c’est planter des graines dans le cerveau de ses patients afin qu’en consultation et à la maison les graines arrosées finiront pas pousser et faire de jolies plantes. Après la première consultation, le patient pourra devenir le messager auprès de son partenaire afin de lui apporter des éléments concrets qui lui permettront de se faire une meilleure idée de ce que peut être une sexothérapie. Il y a tant d’idées reçues sur le déroulement d’une consultation. Les fantasmes vont bon train. Or un.e sexologue, en tant que tiers, pourra aider à faire le point sur la situation, proposer des méthodes et des outils. Vous ne recevrez pas des conseils comme dans cette rubrique, consulter c’est bien plus engageant. Il faut avoir une confiance envers son thérapeute et une vision éclairée de ce qui va se passer. Mais attention, si un.e sexologue propose des outils c’est au couple d’agir et l’adhésion des deux partenaires sera essentiel.
Un petit supplément Cul… ture G : Masters of Sex, une belle série américaine qui relate la vie du duo Masters et Johnson, précurseurs de la sexologie. A voir.
PROSTITUTION
Johan, 42 ans, ma femme a découvert que je suis allé voir une professionnelle du sexe. J’aime mon épouse et je ne veux pas qu’elle me quitte.
Lors des consultations où il est question d’adultère ou de relations sexuelles tarifées, celui ou celle qui se sent le plus en souffrance me pose souvent la question de l’issue de la thérapie. Je ne peux pas vous dire le nombre de fois où j’ai entendu cette phrase « vous qui avez l’habitude de ces situations, pensez-vous qu’elle va me quitter ? » ou « un couple peut-il se remettre d’une telle chose? ». Si je ne m’aventurerai jamais à un pronostic en revanche ce que j’ai observé c’est en grande majorité un sentiment de culpabilité et de honte couplé d’une volonté d’expliquer le pourquoi quand la partenaire éprouve un sentiment de trahison et d’incompréhension et veut comprendre le comment. Consulter c’est déjà un bon commencement : parler à un tiers, sortir la situation du secret et apprendre à communiquer. Je suis souvent impressionnée des temps d’échanges lors de ces moments douloureux. Mais il faut compter aussi sur les perturbations émotionnelles. Pour la partenaire trahie, vous voir prendre votre téléphone et lire un message, rester « trop longtemps » dans la salle de bain ou partir seul faire les courses et c’est le retour des tensions, d’échanges houleux, de pleurs et parfois même d’une sexualité intense puis le désert. Tant de scénario pour des situations différentes et en même temps similaires. Alors partagez ce que vous vivez avec un(e) praticien(ne) vous gagnerez du temps, de la sécurité et du dialogue. Mais n’oubliez pas. S’il y a eu des rapports sexuels non protégés (tarifés ou non) veillez à consulter.
Un petit supplément Cul… ture G : Il existe trois conceptions de la prostitution : réglementariste, abolitionniste ou prohibitionniste.
HANDICAP MENTAL
Mathis et Laurence, parents d’un fils de 27 ans qui a un handicap mental. Il se touche le sexe violement et souvent. Comment l’aider ?
C’est à Genève que la notion de Santé Sexuelle a vu le jour ce qui me rend assez fière d’exercer dans cette ville. En ce qui concerne la santé sexuelle et les droits sexuels, les personnes en situation de handicap mental ou moteur n’en sont pas exclus, au contraire. Pourtant, je ne sais pas si nos sociétés sont si ouvertes à ces questions. Les représentations sont soit une sexualité inexistante, voulant voir ces enfants ou ces jeunes adultes comme des petits anges asexués, soit en vieillissant, de voir en toute expression de la sexualité une image de pervers voire pire. Une forme de vérité serait dans une éducation à la sexualité proposée aux institutions et aux parents afin d’anticiper lorsque la puberté poindra le bout de son nez. Chacun pourra mieux comprendre le handicap et ses conséquences sur la découverte du corps et des désirs et plaisirs sexuels. Pour faire simple : votre fils sait il comment se masturber ? De quelles manières pourrait-il s’y prendre pour que cela soit efficace et compatible avec la vie en société ? A-t-il des traitements qui l’empêcheraient d’éjaculer ? Il existe tant de supports pédagogiques, d’outils et de matériel pour améliorer et accompagner une sexualité épanouie. Si votre fils est en institution, interrogez les professionnels sur la manière dont il traite ces questions. Si votre fils vit chez vous ou dans son propre domicile, n’hésitez pas à vous faire aider et lui proposer de se faire aider. Des outils adaptés existent pour mieux faire comprendre ou faciliter des actes.
Un petit supplément Cul… ture G : Le concept de santé sexuelle a été institutionnalisée par l’OMS dans les années 70 mais la thématique est antérieure. Évidement.
DIFFERENCE D’AGE
Franck, j’ai 37 ans et suis attiré uniquement par des jeunes femmes de 19/20 ans. Je suis inquiet pour l’avenir.
La question que vous posez est un bel exemple pour comprendre les aspects objectifs et subjectifs de la sexualité et de l’affectivité. En effet, pour aborder sereinement sa sexualité, il est nécessaire de ne pas oublier ce qui est interdit et autorisé. Nous ne pouvons pas faire tout ce dont nous avons envie, il existe des limites légales et physiologiques. Il y a des lois qui autorisent par exemple les différents types d’union ou l’accès à la contraception et celles qui condamnent comme l’homophobie ou les violences sexuelles. Qu’en est-il pour l’âge et les écarts d’âges. Je rappelle qu’en Suisse la majorité sexuelle est fixée à 16 ans donc une personne de cet âge peut avoir un.e partenaire majeur.e civilement (avec la nuance qu’il n’y ait pas de lien de subordination entre elles). Pour votre cas, vous évoquez des personnes majeures, alors nous entrons (peut-être) dans une sphère plus subjective et non dans un cadre légal (avec consentement mutuel bien sûr). Pour certains, l’écart d’âge que vous évoquez est inconcevable, immoral quand d’autres n’y verront rien à redire. Ces quelques précisons faites, parlons de votre inquiétude. A vous lire, j’ai imaginé deux hypothèses (plus en réalité mais je dois synthétiser) : vous craignez qu’en avançant en âge celui de ces jeunes filles diminue ou alors vous vieillissez en restant figé sur des filles de 19/20 ans. La première hypothèse concerne la loi, l’autre la morale. Vous conviendrez que mes réponses ne seront pas les mêmes. Compte tenu de cela je vous invite à creuser la question. Que ce soit l’une ou l’autre, vos doutes ne feront que vous conduire vers une vision très négative de vous-même et de votre sexualité. En parler ne vous ferait que du bien.
Un petit supplément Cul… ture G : En Europe l’âge de la majorité se situe entre 14 ans et 18 ans.
Sandrine, 45 ans, atteinte d’un cancer du sein j’ai perdu mes cheveux lors de la chimiothérapie. Je ne me sens plus désirable aux yeux de mon compagnon. Comment surmonter ça?
C’est vrai que le désir peut passer par les yeux mais le désir sexuel se nourrit de tous les sens. Parce qu’en ce mois d’Octobre rose vous nous faites le cadeau de vous confier, je vais vous en faire un à mon tour. Durant les 4 semaines à venir, je vais vous proposer des pistes pour vous trouver désirable et désirée. Vous savez bien que vous ne validerez le désir de votre mari que si vous vous plaisez vous-même. Convaincue d’avoir perdu votre pouvoir de séduction vous ne pourrez pas croire ce que dit votre mari. Car je suis certaine que de son côté il sait vous dire que vous êtes belle au-delà d’une chevelure fournie. Donc, je vous propose, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui veulent réviser le désir dans leur couple, de faire une expérience. Sandrine, ne pensez plus mais ressentez ! Comment ? Commencez par vous installez tous les deux très confortablement et prenez une feuille de papier et un stylo. Inscrivez-y le verbe TOUCHER et ensemble amusez-vous à y inscrire des verbes ou des mots en lien avec le verbe précité. Effleurer, pincer, embrasser, rassurer, griffer, pianoter. Aucune censure. Puis durant cette semaine, allongez nu.e ou presque nu.e et les yeux bandés, chacun votre tour vous guiderez l’autre de la manière dont vous voulez être touché.e. Montrez-vous spécialiste de votre corps et de vos ressentis. Votre corps a changé, peut-être est-il plus sensible et blessé par les soins, alors pour vous reconnecter à vous-même avec douceur utilisez abondamment du talc sur vos mains. Répéter 2 à 3 fois cet exercice dans la semaine. Rien d’autre. Surtout n’allez pas plus loin. La semaine prochaine je vous donnerai la suite du programme. Un petit supplément Cul… ture G : Uniquement du talc sans amiante.
Sandrine, atteinte d’un cancer du sein ne se sent plus désirable. A l’occasion d’Octobre rose, poursuivons l’expérience sur le désir.
Sandrine, toutes les formes de touchers explorés avec votre mari vous ont-ils étaient bénéfiques. J’entends par là, avez vous eu le temps du détail et de révâsserie de vos anatomies? Le talc vous a-t-il permis de (re)trouver un rapprochement tendre? Ce médiateur (jargeon de sexologue) a-t-il été un moyen de (re)visiter l’approche infantile de la relation et du toucher à savoir sécurité, douceur et désinteressement. Un toucher non sexuel pour un enfant mais pour votre couple adulte et consentent cela peut prendre une forme nouvelle ou retrouvée d’un temps où vous scrutiez les contours de vos corps avec beaucoup d’intéret. Avez-vous ressenti cela? Non? Vous vous êtes ennuyé.e ou votre esprit partait dans tous les sens? Vous ne sentiez pas votre binôme investí? Frustré.e? Que manquait-il pour que vous passiez un très bon moment? Une pénétration ou allez plus loin? Aîe! C’est embêtant et limité! Au contraire, vous vous êtes contraint.es et il vous reste une marge de manoeuvre (hors pénétration bien sur) et bien renouveller l’expérience un cran au dessus. Osez!
A l’inverse, vous avez eu l’impression de vous (re)connecter, de vous rapprocher sans penser que chacun attendait une performance ou une expression de plus ou de plus loin. Vous êtes-vous amusé.es ou senti.e beau et belle couvert.e de cette poudre blanche. Alors passez à l’étape supérieure. Même punition (c’est une plaisanterie), avec du lait corporel cette fois et toujours rien d’autre (uniquement dialoguer avec vos corps et c’est déjà énorme). Un plus : expérimenter le rythme (lent/rapide), l’intensité (en surface/prononcé). En bref amusez-vous. Certains diront comme des ados. Si seulement.
Un petit supplément : vérifiez que votre lait corporel ne contient pas de substances chimiques dangereuses.
Sandrine est atteinte d’un cancer du sein et ne se sent plus désirable. Semaine 3 de l’expérience sur le désir.
Alors Sandrine ? Observez-vous peu à peu une attirance envers votre mari et une image valorisante de vous-même ? Car la question du désir s’apparente à celle de se trouver attirant.e ou pas, n’est-ce pas ? Le détail de l’attrait de votre chevelure s’est-elle déplacé et étendu à votre être complet ? Evidemment nous pouvons faire un focus sur une ou plusieurs parties du corps, mais c’est aussi excitant d’investir d’autres zones parfois insoupçonnées : la chute des reins, le pli de l’aine, le lobe de l’oreille ou la commissure des lèvres. Votre corps, sa perception et sa sensibilité ont changé et j’espère que le lait et le talc vous ont permis de comprendre que le toucher est bien plus subtil par son intention et ses conditions. Je ne dis pas qu’ils sont magiques et apportent l’orgasme sinon j’en ferais commerce et ils seraient introuvables tant recherchés et stockés. D’abord vous noterez que jusqu’alors je n’avais jamais évoqué la notion d’orgasme. Est-ce ce qui est attendu ? Aucunement. En revanche, pourquoi pas en utilisant le médiateur de l’huile corporelle, celui que j’aime décrire comme celui de la maturité, de la sensualité et de l’érotisme. Choisissez-le avec une odeur agréable car l’intimité sexuelle se conjugue avec l’odorat et il existe même des huiles de corps consommables. Bon appétit.
Un petit supplément Cul… ture G : cette expérience est une version soft du sensate focus.
Sandrine est atteinte d’un cancer du sein et ne se sent plus désirable. Semaine 4, suite et fin de l’expérience sur le désir.
Et vous, mari et partenaire de Sandrine, que dites-vous de cette expérience. Avez-vous eu l’impression d’être le perdant de cette histoire ou au contraire êtes-vous heureux d’avoir eu l’occasion de montrer à votre épouse que vous la trouvez belle au-delà de sa perte de cheveux. Une occasion pour vous de prouver que vous n’êtes pas ce mari insensible aux bouleversements vécus par votre femme et que vous êtes-vous aussi impacté. Un cancer du sein ou n’importe quel autre cancer, quel que soit son identité sexuelle, va avoir des conséquences sur la sexualité du couple. L’expérience que vous avait lu ou sans doute tenté vaut pour tant d’autres situations liées aux difficultés sexuelles ou de couple. Son premier intérêt est de sortir l’intimité des idées de performance, du tout à tout prix pour satisfaire l’autre par peur de le perdre mais surtout au risque de se perdre. Vous l’aurez compris, c’est aussi un merveilleux outil pour se recentrer sur soi car nous savons tous qu’une image positive de soi et ce que nous percevons de beau dans les yeux et l’attitude du partenaire nous ferons nous sentir désirable. Les très nombreuses consultations ou les échanges informels me permettent d’affirmer que le désir ne se niche pas uniquement dans le physique. Il y contribue, il ne faut pas se mentir mais forte heureusement pas exclusivement et surtout la beauté est une chose très relative. Chère Sandrine, j’espère que cette série de réponses et cette expérience réalisée (ou pas) auront répondu à votre question initiale, faites le moi savoir à l’adresse suivante : sexologue.@ghi.ch. Ca me ferait très plaisir.
Un petit supplément Cul… ture G : En Suisse, chaque année on dénombre une cinquantaine de nouveaux cas de cancer du sein chez les hommes.
FEMME FONTAINE
Julia, 46 ans, je crois que je suis femme-fontaine.
Avant d’entrer dans le vif du sujet je voudrais vous préciser que lors des consultations, à tort ou a raison, je ne demande pas s’il y éjaculation vulvaire. Pas que ça soit un tabou pour moi mais votre situation me pousse à réfléchir à comment et à quel moment je pourrais, si nécessaire, poser la question. Aussi je vous parlerai de quelques-unes de mes patientes qui l’ont évoquée d’elle-même. Il y a eu celle qui regrettait de produire ce liquide en grande quantité de façon continu (sans jet) et aurait aimé ne jamais l’avoir vécu car depuis un an c’est devenu systématique. Et puis il y a eu celle qui s’enorgueillissait d’avoir trouvée « la technique » et à volonté, preuve de la parfaite maîtrise de son corps. Cette dernière qui voulait comprendre pourquoi et comment ce phénomène a pu se produire une seule fois dans sa vie avec un partenaire quasi inconnu. L’évènement aurait pu passer inaperçu si elle n’en avait pas parlé un jour à son compagnon qui souhaitait (voire exigeait) qu’elle le vive à nouveau avec lui. Elle en était incapable (le voulait-elle ?) car elle ignorait comment et de quelle manière cela c’était produit. Cela ne vous aide pas beaucoup et la littérature actuelle sur le sujet n’est pas très prolixe. Parce que c’est un autre tabou qui nécessite de réinterroger l’Histoire des corps et des sexualités. Les rares recherches sur la composition, l’origine et le mécanisme de ce que vous appelez éjaculation sont controversées. Urine ou liquide épais et blanchâtre ? Jet ou giclement ? Quelques millilitres ou une quantité équivalente à une vessie pleine ? Avez-vous observé cela ? Oui et peut-être d’autres choses encore. Lesquelles ? N’oubliez pas que le corps des femmes n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Un petit supplément Cul… ture G : les femmes ont des glandes de Skene parfois désignée comme la prostate féminine.
VIOLENCE SEXUELLE
F., 32 ans, enfant j’ai subi des viols, aujourd’hui ma sexualité est au plus mal, est-ce lié?
Merci de ce partage. Les violences sexuelles doivent sortir du silence et n’oublions pas que la honte doit changer de camp. Tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, un traumatisme quel qu’il soit aura des conséquences qui prendront différentes formes. Si enfant je subis une peur intense comme survivre à une maison en feu, que j’ai cru mourir, il est évident que cette frayeur aura des incidences sur mon développement. Vais-je devenir pyrophobe ? Insomniaque car ça se serait passé la nuit ? Possible pour certaines personnes, absolument pas pour d’autres. Je veux dire qu’une agression sexuelle peut impacter la sexualité (un viol n’est pas de la sexualité) ou provoquer des troubles tels que de l’anxiété, de la somatisation ou des comportements alimentaires par exemple. Pour compliquer encore, il peut exister une amnésie traumatique ou penser que le traumatisme est derrière soi quand subitement après un changement (une grossesse, une rupture, une promotion, un décès, la puberté de son propre enfant) l’évènement traumatique resurgit tel un boomerang. La question est complexe, car il est vrai qu’il existe des troubles sexuels directement liés aux agressions sexuelles : le vaginisme (primaire ou secondaire), la dyspareunie, la honte de ses fantasmes. La liste est longue mais je ne voudrais pas être limitative dans ma réponse car chaque agression (sa chronicité, les réactions de l’entourage), chaque victime (l’âge), chaque personne qui agresse (de la famille ou inconnue) feront que la situation sera particulière. Mais je suis certaine d’une chose, il est toujours possible d’avoir une sexualité épanouissante. Un petit supplément Cul… ture G : Lors d’agression sexuelle, il est courant de parler de l’ESPT (état de stress post-traumatique) ou PTSD (en anglais).
CONSENTEMENT
Mathieu, 15 ans, comment être sûr de bien me comporter sexuellement ?
C’est une belle question que tu nous offres. Effectivement, les questions d’actualité ne laissent pas toujours paraître la part lumineuse de la sexualité. Les questions même de cette rubrique, les faits de justice et trop souvent des scénarios de films et de séries montrent une vision obscure de la sexualité. C’est vrai qu’il ne faut pas nier ces deux facettes. Je pense que l’attitude et les comportements face à la sexualité s’éduquent très tôt, dès l’enfance (avec un accès sur la prévention des agressions sexuelles) puis lors de la pré-puberté en abordant le désir qui s’invite, le corps qui change et surtout la pression des pairs et la distance à avoir face aux médias et messages à caractères sexuels. Je suis artisane de l’éducation à la sexualité à condition que les aspects récréatifs de la sexualité soit mis en avant autant que les risques. En commençant par bien se comporter avec soi-même et cela passe par une bonne connaissance de soi, si tu savais comme tant de personne s’ignore. Puis connaître l’autre, son corps et avoir pour chacun son espace d’expression. Une fois la rencontre faite, que chacun puisse montrer à l’autre à quel point il se connait. Bien se comporter ça se fait à deux. Et il y a la communication. Comme nous ne sommes pas télépathes, il nous faut échanger par des mots ou des gestes, avec respect. J’ajouterai que la sexualité c’est un peu comme l’apprentissage d’une nouvelle langue : step by step, pas de focus sur la pénétration, pas d’attente systématique de son propre orgasme ou celui de l’autre, pas de scénario tout fait. Avec ou sans sentiments. Ne pas éprouver d’amour pour l’autre ne doit pas signifier l’humilier ou le nier. Il est tout à fait possible de vivre une rencontre uniquement sexuelle et bien se comporter. Isn’it ?
Un petit supplément Cul… ture G : il y aurait 7 000 langues parlées dans le monde.
CONFLITS DANS LE COUPLE
Nous sommes en couple depuis un an et nous avons de nombreuses disputes ce qui nous fait douter. Avez-vous un avis sur les couples qui se disputent souvent ?
Je suis ravie de lire la question d’un couple. Je trouve toujours très douteux d’entendre des couples me dirent qu’ils ne se disputent jamais. Je ne peux pas m’empêcher de penser (peut-être à tort) qu’il y en a un des deux qui s’efface au profit de l’autre mais lequel ? Ne dit-on pas qu’un couple c’est 1 + 1 = 3. Cela signifie que chacun reste la personne qu’elle est et le couple forme une nouvelle entité. Bien entendu, mes propos sont à nuancer s’il s’agit de violence amoureuse ou conjugale. Si je prends l’hypothèse que vous parlez de conflit, cela veut dire que chacun avance ses arguments, tente la discussion, de faire valoir son point de vue ou son agacement sans tenter de réduire l’autre, le dénigrer voire le violenter. S’il s’agit de violence, c’est tout le contraire, et je recommande au couple ou à la personne qui subit cette violence de chercher de l’aide auprès de professionnels, d’associations et de son entourage. Reprenons l’hypothèse d’un couple qui tout naturellement apprends à se disputer. Oui. Vous avez bien lu. Les conflits sont une composante indispensable pour maintenir l’individualité et l’espace personnel de chacun et créer un équilibre des pouvoirs dans la relation. Cet équilibre se fera sur le détail des règles de vie commune (ranger ses chaussettes) à des choses plus fondamentales (sortir sans l’autre par exemple ou les relations à entretenir avec les familles respectives) et bien entendu n’oublions pas les questions d’argent ou de sexualité…Apprendre à se disputer en s’accordant sur la manière de traiter la communication et réguler les conflits sans violence.
Un petit supplément Cul… ture G : C’est l’écrivain Bernard Werber qui parle du 1+1=3 comme la fusion des talents. Complexe et intéressant.
DESIR SEXUEL AU FEMININ
Jasmine, 40 ans, j’ai souvent envie de mon mari et lui beaucoup moins, je fais même des rêves sexuels. J’ai honte de cela car je suis très croyante. Les relations affectives et sexuelles se construisent précocement et les considérations religieuses peuvent être très marquées et marquantes. Vous avez comme croyance que vous devez avoir autant ou moins envie que votre mari. Vous pensez que la religion ne fait pas bon ménage avec le désir ou le plaisir. Même si la théologie m’intéresse beaucoup et qu’elle a sa place dans les cabinets de sexologues, je ne vous ferai pas une réponse de théologienne que je ne suis pas, mais mon speech habituel, naïf mais qui cache en vérité une certaine provocation, ne m’en voulez pas. Pensez-vous que vos hormones, votre corps et votre peau savent que vous êtes croyante ? Je ne le crois pas. En revanche, je pense que vous, femme adulte pourrait être amène d’évaluer l’équilibre entre votre recherche de plaisir et ce que votre religion préconise (ou craignez-vous être dans l’absence de contrôle ?). Toutes les religions ne sont pas muettes sur la question ou hyper-restrictives n’est-ce pas ? Que dit la vôtre? Il y a quelques années un homme m’avait consulté car il souhaitait avoir des pratiques anales avec sa femme qui était tout à fait d’accord pour tenter l’expérience, une seule chose le préoccupait : leur religion. Nous avons parlé du droit, du consentement, du corps et des précautions à prendre, nous avons eu des échanges francs sur l’interdit religieux et sur sa foi. A la fin de la consultation, il m’a beaucoup remercié, je crois qu’il avait besoin d’en parler avec une personne neutre pour avoir un avis éclairé. Mon travail a été essentiellement de le libérer de la honte afin qu’il puisse ensuite peser le pour et le contre de ses désirs par rapport à sa pratique religieuse et sa foi. Ce sentiment de honte qui peut pousser à un véritable mal être.
Un petit supplément Cul… ture G : Nous rêverions environ 60 heures par an.
ROUTINE
Notre couple tombe peu à peu dans une routine, nous aimerions explorer plus de positions mais ça nous semble peu naturel. Un conseil ?
Lors d’interventions collectives dans des établissements scolaires par exemple la question du Kamasutra se pose très souvent. J’ai un aveu à vous faire, je n’ai pas la moindre d’idée du nombre de positions qui y sont proposées ni lesquelles (une occasion toute trouvée pour le supplément Cul…ture G de cette semaine). Ce que je sais c’est que certaines de ces positions présentent des avantages par rapport à d’autres. La classique position du missionnaire qui permet au couple de s’embrasser, la levrette qui va permettre une pénétration plus profonde, l’andromaque (la femme en position supérieure souvent proposée dans l’accompagnement sexologique), les cuillères où le couple peut se retrouver dans une intimité pleine de tendresse ou encore le soixante-neuf pour une sexualité buccale. Et puis il y en a les autres aux noms imagées qui laissent entrevoir le manque de naturel que vous évoquez dans votre courrier. La brouette, le pont ou la position de l’acrobate qui vont nécessiter souplesse, force, endurance ou même quelques accessoires c’est selon. Pour conseil, je vous dirais d’y aller progressivement et avec douceur, car vous n’êtes pas à l’abri de quelques accidents pour les positions compliquées comme les plus simples. Mais au-delà d’acrobaties ou d’originalité, je crois comprendre que ces positions ne sont pas à réaliser comme des prouesses, et qu’il vaut mieux voir en elles un moyen de se regarder différemment, d’explorer des angles ou des sensations nouvelles. C’est une bonne idée de changer de positions mais restez-vous même.
Un petit supplément Cul… ture G : Il y aurait 64 positions dans le Kamasutra, un ouvrage à ne pas réduire à une simple liste de positions.
GROSSESSE
Noémie, enceinte de 7 mois, est-il vrai que les rapports sexuels à l’approche du terme peuvent déclencher l’accouchement ?
Rare mais pas inexistant, pas immédiat et pas programmable et si les actes pénétratifs ne sont pas interdits pour des raisons médicales. Voilà pour résumer la situation. Pour le comment, la médecine en sait davantage. Je vous parlerai en premier lieu de la prostaglandine contenue dans le sperme et qui peut favoriser l’ouverture du col de l’utérus et des contractions. Donc si l’acte pénétratif se veut intéressé, il ne faudra pas mettre de préservatif à ce moment-là. Et puis il y a les contractions d’un potentiel orgasme qui vont être favorisant. Je profite de ce courriel pour parler de cet autre tabou (la liste est encore longue) qui est d’accoucher en stimulant son clitoris afin d’obtenir un orgasme qui aide à la délivrance et/ou à mieux supporter la douleur lors d’un accouchement par voie naturelle. Il existe de nombreux pays qui tentent déjà l’accouchement avec orgasme comme antidouleur (par la masturbation digitale ou un objet vibrant digital). Tout cela n’est qu’expérimental mais laisse présager des accouchements différents. Ces derniers se préparent, s’accompagnent avec le soutien de l’équipe médicale et de nombreux protocoles et études, et se vivent avec le deuxième parent présent ou pas lors de l’accouchement. Aucune place à l’improvisation.
Un petit supplément Cul… ture G : Une primipare est une femme qui a une seule expérience d’accouchement, multipare après plusieurs et nullipare pour aucun accouchement.
MERE NOËL
La Mère Noël, en couple depuis de très nombreuses années. Je ne supporte plus la passion de mon mari pour son travail, période où j’existe à peine pour lui. Puis en début d’année, c’est le contraire, il est hyper présent à la maison, et là je ne le supporte plus. Que faire ?
Vos précieuses confidences sont l’exemple de deux situations que vivent de nombreux couples. Avoir une activité professionnelle ou militante, une passion débordante ou une hyper présence auprès des enfants ou de la famille et l’un des partenaires se sent exclus ou négligés. Mais vous Mère Noël vous cumulez cela avec cet autre cas de personnes à la retraite qui voient leur temps et leur espace à partager avec l’autre moins présent jusqu’alors. Je comprends tout à fait que vous soyez perdue. Mais vous ne me demandez pas ce que j’en pense mais que faire. J’ai bien une idée mais je ne suis pas certaine qu’elle plaise à tout le monde. En cette fin d’année, j’ose et me lance. Ne serait-il pas envisageable que vous soyez l’un et l’autre plus accordé dans votre temps ? Avez-vous déjà pensé à travailler ensemble (je parle du jour J) et ainsi, dès le début d’année de profiter à deux (sans les lutins et les rennes) de moments rien que pour vous. Prendre des vacances, ailleurs et avec un autre rythme…pourquoi pas au soleil ?! Attention je ne dis pas que les vacances règlent tout mais compte tenu du travail particulier que vous faites tous les deux (car je le répète je n’ai aucun doute que dans l’ombre vous faites votre part de travail) vous pourriez ainsi vous retrouver et savourer votre notoriété commune.
Un petit supplément Cul… ture G : A découvrir : le poème de Katharine Lee Bates Goody Santa Claus on a Sleigh qui sort la Mère Noël de son rôle de femme au foyer qu’elle refuse d’être.
EDUCATION SEXUELLE
Hélène, maman d’un garçon de 12 ans. Pour les fêtes, je lui ai offert un livre sur la sexualité, et j’ai bien vu que j’ai choqué quelques ami.es. Ai-je eu tort ?
L’éduction affective, relationnelle et sexuelle est aux programmes scolaires, donc à première vue, vous ne faites rien qui pourrait être considéré comme complétement irréfléchi ou irresponsable. Reste que ces informations encadrées par des personnes formées n’excluent pas une éducation diversifiée, à savoir accompagnée par les parents qui le peuvent ou le veulent, des supports comme internet (on n’y trouve le pire comme le meilleur) ou des livres (ils en existent de très bons mais je recommande toutefois de le feuilleter avant l’achat, de le lire pour soi et ensuite l’offrir). A l’heure où la pornographie peut faire office d’éducation sexuelle, où la frontière se réduit entre l’intime et le dévoilement de l’intime, proposer des informations adaptées à l’âge et au niveau de développement de l’enfant ou de l’adolescent est devenu nécessaire. Toutes les études sur la question montrent que l’éducation sexuelle et affective limite le nombre de violences sexuelles, de grossesses non désirées, de comportements sexistes. Pour en revenir aux livres, aux bandes-dessinées, aux mangas, aux cahiers d’exercices, il en existe pour tous les âges, les 0/6 ans, les 6/9 ans, les pré-ados et ados et même pour les adultes. Il n’y a pas une seule librairie qui n’en propose pas et c’est tant mieux. Ainsi, votre fils pourra être une personne référente et éclairée auprès de camarades qui ne peuvent pas trouver d’informations auprès de leurs parents qui n’offriraient pas de livres. Autre option pour eux, ils peuvent toujours se rendre dans une bibliothèque.
Un petit supplément Cul… ture G : A consulter : les archives de la RTS : Quand l’éducation sexuelle faisait débat.